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Finance verte: le Covid-19, catalyseur d’une tendance déjà amorcée

Casablanca – La crise du nouveau coronavirus (Covid-19), qui a terrassé l’économie mondiale, a favorisé une prise de conscience collective de la question écologique et accentué la tendance à l’investissement durable, déjà présente depuis plusieurs années.

Mobilisé bien avant le déclenchement de la crise du Covid-19 en faveur du verdissement du système financier, le Maroc s’est fortement impliqué pour promouvoir la finance verte.

Les efforts entrepris dans ce sens ont ainsi permis au Maroc de passer du stade “développement” au stade “avancé” en matière de promotion de la finance durable, d’après le rapport publié en octobre 2019 par le réseau international des banques durables (SBN), dont Bank Al-Maghrib (BAM) est membre.

Ainsi, le Réseau a cité l’engagement de BAM pour la mise en place de la feuille de route “finance climat” pour l’alignement du secteur bancaire marocain sur les objectifs de développement durable et les orientations de l’Autorité Marocaine des Marchés de Capitaux (AMMC) pour le développement des obligations durables, parmi les pratiques inspirantes en termes d’alignement stratégique et de promotion des produits financiers verts pour les membres du SBN.

Ce réseau a également salué les efforts entrepris par la Banque centrale pour l’édiction d’une directive relative à la gestion des risques financiers liés au climat.

Dans ce sillage, la Banque centrale a de nouveau inscrit la finance verte en tant que priorité stratégique, dans le cadre de son dernier plan stratégique quinquennal 2019-2023, traduisant son engagement et celui du Royaume de soutenir davantage le développement d’une finance durable et d’accélérer les efforts du secteur bancaire pour le financement d’une économie décarbonée et soutenable.

Elle a, également, entrepris un programme d’actions s’appuyant sur des composantes de renforcement de capacités, de promotion du dialogue et de la coopération ainsi que des composantes techniques et réglementaires.

En outre, BAM a mis en place au plan organisationnel, un service dédié à la finance verte au sein de la Direction de la Supervision Bancaire ainsi qu’une Task-force interne composée de spécialistes de la réglementation prudentielle et du contrôle bancaire.

“Le Maroc est engagé depuis plusieurs années dans la voie du développement durable. La COP 22, organisée à Marrakech en 2016, et l’objectif du Royaume d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 en témoignent”, a indiqué à la MAP, le consultant en banque et assurance à Paris, Kamal Zine.

“Un des exemples qui illustrent clairement l’implication du Maroc dans ce sens est la multitude de projets entrepris dans le secteur des énergies renouvelables, qui devraient produire plus de 50% de l’électricité du pays d’ici 2030″, a soutenu l’expert économique, rappelant que le financement de ces projets a été fait en partie grâce à l’émission de green bonds par exemple”.

Les banques marocaines ont également eu recours à la finance verte à travers des emprunts contractés auprès d’organismes de financement européens et internationaux, a-t-il ajouté, relevant que ceci a permis de financer également des TPME pour mettre en place ou renforcer leur stratégie d’efficacité énergétique et de les accompagner dans leur insertion dans l’économie locale et régionale.

Ainsi, de l’avis de M. Zine, le contexte actuel marqué par la crise du Covid-19 vient accélérer une tendance déjà bien ancrée depuis plusieurs années, soulignant que cette accélération pourrait s’articuler autour de deux axes, à savoir l’épargne et le rapport risque, rendement et engagement responsable.

“On peut s’attendre à ce que l’épargne captée par la finance verte augmente car les impacts écologiques et socio-économiques orienteront de plus en plus les choix de placement”, a fait remarquer l’expert.

Cette augmentation reste conditionnée par la mise en place de produits d’épargne adaptés par les banques ainsi que des incitations fiscales pour stimuler la demande au niveau des marchés des capitaux et du capital investissement, notamment pour les PME et TPE”, a t-il expliqué.

Quant au rapport risque, rendement et engagement responsable, l’expert a précisé qu’avec la baisse des rendements des placements financiers classiques et l’intérêt croissant pour l’économie durable et inclusive, la finance verte pourrait constituer une alternative pour les investisseurs en quête de nouvelles sources de rendement.

Et de relever que l’appétit des investisseurs pour les produits et placements financiers qui s’inscrivent dans la cadre de la finance verte pourrait pousser les entreprises marocaines à s’ouvrir davantage sur des montages ou produits financiers jusqu’ici pas ou peu utilisés tels que la titrisation, les social et sustainability bonds.

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