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Informel : un spectre qui continue de planer sur les femmes entrepreneures

Par Yosra BOUGARBA.

Bien que les femmes prennent de nombreuses initiatives dans l’entrepreneuriat, plusieurs d’entre elles se trouvent encore sous le spectre de l’informel, ce qui empêche de les identifier, de valoriser leur réelle contribution et limite leur évolution.

Faire émerger les activités entrepreneuriales des femmes, qui restent encore largement invisibles, se veut ainsi un défi de poids pour pouvoir, par la suite, leur apporter le soutien, l’accompagnement et l’encadrement nécessaires pour développer leur business.

C’est ce qu’a affirmé la présidente du réseau International des Femmes Dirigeantes “Wimen” (Women International Management & Executive Network”, Laila El Andaloussi, qui estime que les femmes prennent un grand nombre d’initiatives dans l’entrepreneuriat, mais restent invisibles car s’activent beaucoup dans l’informel qui n’est certes, pas structuré, comptabilisé, valorisé et accompagné.

En termes de chiffres, une étude réalisée par l’Observatoire Marocain de la TPME (OMTPME) sur l’entrepreneuriat féminin, incluse dans son rapport d’activité des exercices 2020-2021, révèle que 16,2% des entreprises actives au Maroc sont dirigées par des femmes.

Bien que ce taux est beaucoup plus élevé que celui révélé jusque-là par les principales études effectuées, notamment celle de l’enquête nationale de 2019 du Haut Commissariat au plan, qui indique que la proportion des entreprises dirigées par des femmes n’était que 12,8%, l’étude de l’Observatoire ne concerne pas le secteur informel où la population féminine est “quasiment très représentative”, a expliqué Mme El Andaloussi.

Selon, Mme El Andaloussi, également expert-comptable et vice-présidente de l’Ordre des Experts-comptables du Maroc, le challenge est de pouvoir faire émerger toutes ces énergies et les appuyer de façon à ce que les projets puissent grandir et se développer.

Quid des facteurs de blocage ?

Mme El Andaloussi estime que parmi les facteurs de blocage figure la persistance de “l’ancrage culturel selon lequel diriger son entreprise peut entrer en compétition avec le fait de diriger son foyer, sa famille, alors que ce sont des alliés complémentaires et légitimes”.

S’agissant du monde rural, elle a relevé que le frein majeur est le manque de qualification et d’instruction des femmes qui ne leur confère pas une véritable culture d’entrepreneuriat, notant que l’écart en termes d’éducation tend à s’estomper.

Des stratégies pour promouvoir la présence des femmes dans les secteurs clés s’imposent !

Au niveau sectoriel, il ressort de l’étude que les sections de la “Santé humaine et action sociale” (Activité des médecins généralistes, Pratique dentaire, etc.), des “Autres activités de services ” (Coiffure et soins de beauté, Blanchisserie-teinturerie, etc.) et de l'”Enseignement” enregistrent les parts les plus importantes de l’entrepreneuriat féminin, soit environ 40%, 32% et 30% respectivement.

Dans ce sillage, elle a soulevé qu’il est temps d’enclencher de véritables stratégies et dynamiques pour renforcer la présence des femmes dans d’autres secteurs clés, tels que l’industrie, les nouvelles technologies et les métiers d’ingénierie.

Pour Mme El Andaloussi, bien que la coiffure, les soins de beauté et la blanchisserie soient certes des activités indéniablement importantes, ils ne drainent pas beaucoup de valeur ajoutée et de création d’emplois.

Et de faire savoir que l’orientation des femmes en majorité vers les professions libérales, notamment la médecine et les professions de santé, ainsi que l’enseignement, est due d’abord à la souplesse dans la gestion du temps de travail que ces métiers permettent par rapport à une activité de salariée.

Le rôle de la famille dans le soutien des femmes entrepreneures

Se lancer dans l’entrepreneuriat nécessite, de même pour les hommes que pour les femmes, de travailler d’abord sur sa confiance en soi, croire en soi, être en mesure d’accepter les échecs, et d’aller au-devant des difficultés, a-t-elle noté.

Sauf que pour la femme, au nom d’obligations familiales qui pèsent toujours aujourd’hui sur elle en particulier, ce droit lui est confisqué parfois, alors que cela demande forcément un encouragement de la famille proche et un soutien du conjoint, qui changera certes la donne et pourrait faire émerger en elle, la flamme d’entrepreneur qui l’anime, selon la Présidente du réseau Wimen.

Par ailleurs, elle a indiqué que pour stimuler l’entrepreneuriat féminin, il est important de développer certaines infrastructures et services de base, tels que des structures de gardes d’enfants, ou des transports publics sécurisés.

Promouvoir l’entrepreneuriat au féminin se veut une priorité nationale, qui peut commencer à petite échelle, par la famille, en apportant le soutien moral nécessaire accompagné par l’accomplissement d’actes de services sans oublier le rôle de l’Etat à une grande échelle, pour un développement inclusif et durable.

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