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Interview avec Rodrigo Buenaventura, président de l’autorité espagnole du marché des capitaux

– Propos recueillis par Zin El Abidine TAIMOURI –

Casablanca – Le président de la Commission Nationale du Marché des Valeurs (CNMV) d’Espagne, Rodrigo Buenaventura, a accordé une interview à la MAP à l’occasion de la Conférence internationale organisée par l’Autorité Marocaine du Marché des Capitaux (AMMC) en marge de la 47ème réunion annuelle de l’Organisation internationale des commissions de valeurs (OICV) tenue pour la première fois au Maroc les 17, 18 et 19 octobre 2022.

Lors de cet échange, M. Buenaventura a mis en lumière la qualité des relations entre les deux autorités de régulation marocaine et espagnole appelées à se renforcer davantage dans les prochaines années, et souligné l’importance du rôle des marchés de capitaux des pays émergents dans la réalisation des objectifs de développement durable. Le régulateur espagnol a, en outre, insisté sur l’adaptation des cadres réglementaires aux besoins des investisseurs.

Quelle est la nature des relations qu’entretiennent l’Autorité Marocaine du Marché des Capitaux (AMMC) et son homologue espagnole la Commission Nationale du Marché des Valeurs (CNMV) ?

Il y a toujours eu des liens forts entre les marchés de capitaux espagnol et marocain, et entre les superviseurs de ces marchés de capitaux. L’AMMC et la CNMV sont étroitement engagées dans une coopération technique et réglementaire.

Notre champ de coopération est plus large à travers le partenariat méditerranéen qui attire un certain nombre de régulateurs à travers le monde, précisément pour échanger des expériences et développer davantage les marchés de capitaux dans toutes nos régions.

Je pense donc que cette coopération entre nos deux autorités de régulation ne fera que s’accroître à l’avenir et deviendra un facteur de transformation très puissant à l’avantage de nos marchés respectifs.

Comment qualifieriez-vous le saut de développement qu’a connu le Maroc ces dernières années et l’engouement des investisseurs internationaux pour le Royaume ?

Le développement économique des pays émergents comme le Maroc est très étroitement lié à la capacité de financer l’économie. Les investisseurs internationaux sont très désireux de rechercher des opportunités d’investissement dans les pays en développement en raison des perspectives de rendement et de rentabilité à long terme que ces pays peuvent offrir.

Je pense donc qu’il est essentiel, pour attirer ce type d’investissement, d’établir un cadre adapté pour ces capitaux étrangers qui soit conforme aux besoins des économies en développement. Cela concerne de plus en plus les questions sociales, de transition verte, et de neutralité carbone.

C’est seulement en faisant correspondre les impératifs de développement et les préférences des investisseurs que la chaîne d’investissement d’un pays comme le Maroc et bien d’autres seront en mesure de tirer parti de ce flux d’investissement à la fois mondial mais qui peut réellement aider et promouvoir les économies locales.

Le Maroc a pour ambition d’inverser les tendances de l’investissement privé et public à respectivement ⅔ et ⅓ de l’investissement global. Quel commentaire faites-vous à ce sujet ?

Ces programmes s’inscrivent dans une tendance plus large qui est d’augmenter le niveau d’investissement privé dans le volume des marchés de capitaux. Normalement, nous parlons d’investissement public comme synonyme d’investissement gouvernemental, mais toutes les natures de l’investissement restent importantes pour le développement des systèmes financiers.

Cette tendance à l’augmentation du financement des marchés de capitaux est essentielle, non seulement au Maroc, mais aussi dans mon pays, l’Espagne, qui prend des initiatives pour stimuler les marchés de capitaux en complément de l’investissement publics, car le montant de l’investissement que nous devons réaliser dans la transition verte est impossible à financer par les gouvernements à eux seuls ou même par les banques.

Quelles sont les principales recommandations que vous avez retenu de ces rencontres à Marrakech ?

Je pense que l’essence des travaux de Marrakech est ce que les marchés de capitaux peuvent faire pour atteindre les objectifs ultimes de la société en termes de résorption de la pauvreté, de lutte contre l’exclusion ou encore de lutte contre le changement climatique.

Il s’agit donc d’identifier les moyens pour les marchés de capitaux de contribuer à cette transition, et apporter de la valeur ajoutée dans la mise en œuvre des objectifs de développement dans nos pays respectifs.

Je pense que l’intérêt particulier de la conférence est la capacité à rassembler non seulement des pays de différents continents et de différents besoins, mais aussi d’assimiler le point de vue des investisseurs afin d’établir une conjonction entre leurs besoins et l’action des autorités de régulation des marchés de capitaux.

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