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L’événementiel espère encore éviter le scénario du pire

Par Jamal CHIBLI.

L’industrie de l’événementiel au Maroc s’est voulue résiliente face à la crise du nouveau coronavirus, mais les professionnels du secteur voient leur marge de manœuvre s’amenuiser avec l’allongement de cette situation inédite.

Le secteur est, en fait, privé de sa raison d’être avec l’interdiction des rassemblements publics et privés, dont la poursuite encore plus longtemps pourrait exposer tout le microcosme à la faillite et condamner des milliers de personnes à la perte de leurs sources de revenus.

“Seule la reprise des événements en présentiel peut sauver le secteur de l’industrie de l’événementiel”, affirme, catégorique, le président du Groupement professionnel des prestataires de l’événementiel au Maroc (GPPEM), Aziz Bouslamti, qui fait sien la conclusion phare d’une étude réalisée par le cabinet VQ à la demande de son organisation.

Il a rappelé que, depuis juillet 2020, le GPPEM et Bureau Veritas ont développé un protocole sanitaire pour l’organisation d’événements publics, en étroite collaboration avec le département de l’industrie et Imanor. Autrement dit, les opérateurs du secteur savent déjà comment s’y prendre.

L’enquête GPPEM fait couler des sueurs froides dans le dos quant aux ravages causés par la crise sanitaire. Un peu plus de 93% des acteurs estiment qu’il s’agit de la pire conjoncture qu’ils n’aient jamais connue.

Cela s’est traduit par une baisse de leur chiffre d’affaire de +75%, une réduction des effectifs d’environ 55%, un recours massif au crédit et une nette tendance à la vente par nombre de prestataires de leurs biens immobiliers et mobiliers pour “faire face aux conséquences de cette situation catastrophique”.

D’après l’étude du GPPEM, le secteur de l’événementiel a été le plus touché avec 93,5% d’impact négatif comparativement aux autres secteurs économiques (83,5%). En mois d’une année de crise, 35% des entreprises du secteur ont mis la clef sous le paillasson.

“Si la situation ne connaît aucun changement, le gouvernement et le CVE devront faire bénéficier les opérateurs du secteur d’une consolidation et d’un renforcement des aides aux salariés en tenant compte de l’échelle des salaires selon le cadre et la compétence”, a assuré, dans une déclaration à la MAP, le président du GPPEM, qui a salué la résilience exemplaire des opérateurs du secteur.

Le Groupement va aussi revendiquer “l’exonération totale des charges fiscales et sociales pour les exercices 2020/2021, du report des échéances bancaires de 2020 et 2021 sans intérêt et de l’octroi de crédits sans intérêts pour les entreprises du secteur qui en auront recours durant l’année 2021”.

Il convient de rappeler que le gouvernement a accordé, en octobre dernier, un contrat-programme au secteur de l’événementiel, désormais placé sous la tutelle du département du Commerce et de l’Industrie. Une clarification bien accueillie par les professionnels longtemps en quête d’un interlocuteur officiel.

Dans son étude, le GPPEM ne semble jurer que par le présentiel, perçu comme la seule planche de salut pour toute l’activité, puisque “le secteur manque vitalement de temps” dans la perspective d’une éventuelle immunité collective et la levée totale des restrictions.

“La vaccination qui vient d’être lancée, bien qu’elle soit un facteur d’optimisme pouvant déboucher sur l’immunité collective à moyen terme, ne peut se faire que dans la durée”, fait remarquer l’enquête.

Se projetant dans l’avenir, Aziz Bouslamti confie que le GPPEM a décidé de développer un plan d’actions qu’il compte proposer au département de l’Industrie, pour la restructuration du secteur de l’événementiel.

“Nous ne sommes pas à l’abri d’une autre crise, il faut donc disposer de tous les outils qui nous permettraient de mieux réagir pour soutenir le secteur le cas échéant”, a-t-il dit.

Aux confluents de plusieurs segments d’activité, l’industrie de l’événementiel va survivre à l’actuelle crise, quand bien même le coût économique sera substantiel pour les chefs d’entreprise et l’impact social lourd à porter pour les travailleurs. Mais, lorsque la vie normale reprendra ses droits, tout cela ne sera qu’un mauvais souvenir.

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