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Plans d’épargne: Trois questions à Saïd Amaghdir

Casablanca – Saïd Amaghdir, directeur associé chez Finance Value Consulting et président de la Commission financement, investissement et accompagnement des TPE-PME au sein du Club des Dirigeants, présente, dans un entretien à la MAP, les caractéristiques des plans d’épargne défiscalisés et analyse de fond en comble les facteurs expliquant une évolution si modeste sur le marché national.

1- Quels sont les plans d’épargne disponibles sur le marché marocain ? Y-a-t-il eu des changements sur le plan réglementaire pour renforcer l’attractivité de ces instruments?

On distingue trois types de plans: le Plan d’Epargne Action (PEA), le Plan d’Epargne Education (PEE) et le Plan d’Epargne Logement (PEL).

Le PEA, comme son nom l’indique, porte sur des placements en actions cotées en bourse ou des OPCVM. Dans le cadre des mesures d’encouragement des opérations d’épargne, la Loi de finances au titre l’année 2020 a modifié les dispositions de l’article 68 (VII et VIII) du CGI pour relever le plafond des versements cumulés effectués par le souscripteur des plans précités de 600.000 dirhams à 2.000.000 de dirhams. Ces dispositions sont applicables aux plans d’épargne en actions et aux plans d’épargne entreprise conclus à compter du 1er janvier 2020.

Le Plan d’épargne éducation (PEE), lui, peut être souscrit auprès d’une banque ou d’une compagnie d’assurance et de réassurance. Il a pour objectif de financer les études scolaires de tout niveau ainsi que la formation professionnelle, à condition que l’âge du bénéficiaire ne dépasse pas 18 ans au moment de la signature du contrat, dont la durée minimum obligatoire est de cinq ans minimum.

Pour souscrire à ce plan, le client doit effectuer un versement initial de 500 DH. La loi exige cependant que l’ensemble des versements effectués chaque année doit être de 1.500 DH minimum et que le montant autorisé à épargner est fixé à 300.000 DH. Le taux rémunérateur du PEE est le même que celui du PEL, soit 50 points de base additionnels sur le taux de rémunération des comptes sur carnet (fixé au 1er semestre à 1,8%), soit un taux de rémunération de 2,3%.

2- Comment évaluez-vous l’évolution de ces produits sur le marché? Parle-t-on d’instruments flexibles compte tenu de leur horizon de placement?

Ces plans ne sont pas assez connus pour le client marocain et ne constituent pas un produit proposé massivement au niveau du réseau bancaire.

Ils manquent de flexibilité, à l’instar du PEE, où le souscripteur souhaitant récupérer une partie de son épargne est contraint à la fermeture de ce plan et le paiement de la taxe sur la plus value, or dans d’autres pays, les souscripteurs bénéficient d’une certaine souplesse en cas de besoin d’une avance sur lesdits plans.

La deuxième grande question de ces plans, relève de la carotte fiscale qui n’est pas octroyée en amont à l’instar de l’assurance épargne retraite qui est exonérée de l’IR à l’entrée en plus d’un abattement de 40% lorsque le client atteint l’âge de 50 ans et achève 8 ans de cotisations.

Pour ces plans, l’avantage à l’entrée n’existe pas il faut attendre jusqu’à la fin de la cinquième année pour bénéficier de l’avantage fiscal.

Pour soutenir la dynamique de ces produits, des efforts de communication s’imposent. Il faut expliquer aux salariés et aux entreprises et à toutes les cibles si on aspire à une commercialisation correcte.

Force est de constater que ces produits sont très performants et adossés à des avantages fiscaux, ce qui représente une véritable concurrence aux produits bancaires et d’assurance.

3- Comment peut-on insuffler une nouvelle dynamique à ces instruments pour qu’ils puissent remplir leur rôle en matière de mobilisation de l’épargne?

S’il y a un vrai besoin de mobiliser l’épargne à travers ces instruments, il faut réunir les conditions propices à cette fin. on va pas pas dire à 100% mais au moins 50% et bien sûr je suis certain qu’on aura des résultats probants d’autant plus que le client, avant de souscrire, aura accès à l’équivalent de 50% de son IR en performance.

Par exemple, celui qui est assujetti à un taux de 38%, on lui offre 50% de réduction, ce qui correspond à 19% de performance en matière d’IR avant même d’atteindre la cinquième année, ce qui peut attirer autant de particuliers.

De toute manière, il faut assister à une véritable relance du marché au regard des atouts des PEA qui sont exonérés de la taxe sur la plus-value de 15% à la sortie, ça ne peut être que très intéressant pour les épargnants.

Pour une meilleure commercialisation de ces plans, il y a lieu de réfléchir à un réseau alternatif qui milite pour l’inclusion et l’éducation financières.

Il faut se rappeler dans ce sillage, des deux indicateurs phares portant sur le taux de bancarisation (entre 56% et 64%) et la pénétration d’assurance (3,7%). Ces indicateurs reflètent le grand potentiel de développement pour les plans d’épargne au Maroc, à condition d’offrir l’avantage fiscal en amont et de mettre en place un réseau de commercialisation dédié qui permettra un développement serein de ces plans au même titre que les produits bancaires ou des compagnies d’assurance.

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